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Au rive gauche
14 mars 2012

"La campagne électorale, c'est mensonges et compagnies"

Lenine_Oeuvres_compl_tesLe développement du capitalisme en Russie
Chapitre III : Passage des propriétaires fonciers du système basé sur la corvée à celui de l'exploitation capitaliste.
V. La conception populiste dur ce problème.
"La thèse selon laquelle le système des prestations de travail est une simple survivance de la corvée, n'est pas contestée par les populistes. Elle est admise, au contraire, quoique sous une forme insuffisamment générale, par M. N.-on comme par M. V. V… Cela rend d'autant plus frappants les efforts que font les populistes pour éviter de reconnaître un fait, pourtant clair et simple, à savoir que le régime actuel de l'exploitation foncière privée est une combinaison du système des prestations et du système capitaliste et que, par conséquent, plus le premier est développé et moins l'est le second, et réciproquement ; pour éviter d'avoir à analyser le rapport existant entre chacun de ces deux systèmes et la productivité du travail, la rémunération du travail ouvrier et les caractères fondamentaux de l'économie russe depuis l'abolition du servage, etc. Si on pose la question sur ce terrain, en effet, on est amené à constater qu'effectivement la "substitution" est en train de se faire et du même coup on est obligé d'admettre qu'il est inévitable que le capitalisme prenne la place du système des prestations et que cette substitution est progressiste. Pour ne pas avoir à tirer cette conclusion, les populistes n'ont pas hésité à idéaliser le système des prestations. Et c'est sur cette idéalisation monstrueuse que repose toute leur conception de l'évolution de la grosse propriété foncière. M. V. V. est allé jusqu'à écrire que dans la "lutte pour une forme déterminée d'agriculture le peuple a remporté la victoire, bien que la victoire ait encore aggravé sa ruine". Un tel constat de victoire est plus éloquent qu'un constat de défaite. On sait que sous le régime de la corvée ou sous celui des prestations les paysans sont dotés d'un lot de terre. M. N.-on considère ce phénomène comme le principe qui "réunit les producteurs et les moyens de production". Ce faisant il oublie un petit détail: c'est que ces dotations de terre sont un moyen d'assurer de la main-d'œuvre au propriétaire. Nous avons vu que pour décrire les systèmes agraires précapitalistes, Marx analyse toutes les formes de rapports économiques propres à la Russie et qu'il montre que la petite production est une nécessité ainsi que l'attachement du paysan à la terre quelle que soit la rente : en travail, en nature ou en argent. Mais jamais il ne lui vient à l'idée de considérer le fait que les paysans dépendants soient dotés d'un lot de terre comme un "principe" qui réunit à tout jamais les producteurs et les moyens de production…"
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La_cerisaie_filmUne_trag_die_provinciale_livreÉdito : Nous nous intéresserons précisément, aujourd'hui, à la critique que Lénine porte sur l'analyse économique que les populistes (terme à la mode en France en ce moment) font des rapports sociaux et politiques au sein de la paysannerie russe. La raison de ce choix découle surtout du fait qu'offrir la totalité de l'ouvrage ci-dessus à nos sympathiques lecteurs, ne nous parait ni possible techniquement, ni souhaitable du point de vue de son ampleur. Nous en aurions pour des plombes !
Cela dit et en lisant attentivement Lénine, on perçoit à quel point bon nombre de personnes - aujourd'hui encore - se font une idée des plus fausses de la conception marxiste de la révolution. Beaucoup attendent idéalement et affectivement le grand soir. Tandis que les marxiste perçoivent l'œuvre incessante du capitalisme qui révolutionne le procès de production. Y compris jusque dans l'apport que Marx et Lénine attribuent au capitalisme lui-même. Lequel système est néanmoins affublé de tous les maux par les petits-bourgeois spontanéistes, maoïstes, réformistes et anarchistes. Tous rêvent d'un passé révolu ou à défaut de faire du surplace.
Pour Lénine, il ne saurait être question d'un retour en arrière, tout au contraire. Il ne s'agit à aucun moment d'idéaliser quelque système que ce soit, que l'évolution économique a condamné. Je veux parler du règne de la petite et moyenne entreprise. De la même manière que l'on n'a jamais vu un éléphant sortir à reculons d'un magasin et que tout se reconstitue, on a jamais vu l'histoire revenir en arrière, ni restaurer un système dépassé par le développement historique. C'est le coût social qui change selon qu'il s'agit de la bourgeoisie et son capitalisme finissant (qui assument et impulsent les concentrations inéluctables), ou la classe ouvrière et son système communisme. Sujet brûlant d'actualité, en cette période de campagne électorale; lequel est toujours effleuré, sans qu'aucun des candidats à la victoire ne s'y attarde.
Le_bon_vieux_temps_livreEn revanche, il n'y a rien qui ressemble plus à la paysannerie, qu'une autre paysannerie. A certaines variantes près, il est vrai. Dans mon village natal, il y eut déjà des paysans riches et d'autres plus pauvres dès avant la révolution. C'est ainsi que la lutte de classe coupera le village en deux, ainsi que de nombreuses familles. Par exemple : un des curés réfractaires de la région sera "donné" par un de ses anciens camarades, devenus sans-culotte.
Beaucoup plus tard, à mon époque, la place centrale du village remplaça "le champ d'avis" (une sorte de salle du chapitre) là où se réunissaient les agriculteurs, me disait ma grand-mère. C'est sur cette place que je vis mon père "prendre langue" avec ses voisins, un jour. Ordre du jour : l'achat collectif d'une moissonneuse-lieuse, par l'entremise du Crédit Agricole. L'expérience tourna court, faute d'éducation nécessaire à une telle entreprise. Mais, la mode était lancée, les C.U.M.A. (Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole) fleurirent un peu partout.
Chez nous, dirais-je, des rapports de type capitalistes furent instaurés depuis longtemps. Cette agriculture que nous qualifierons de "moyenne montagne" peu mécanisée jusque dans les années 50 avait un rendement très faible, tout en exigeant une main d'œuvre massive. Le premier tracteur (moteur à essence) de faible puissance et de fabrication américaine, arrivera au début des années 50. La puissance de ces engins augmentera au rythme des départs. Les bras libérés iront se vendre aux industriels.
Le capitalisme nous affranchit de la propriété privée, mais au prix fort !


La cerisaie
, version théâtrale; Anton Tchekhov
Spectacle de théâtre créé en collaboration avec le Théâtre de l'Enfumeraie et le City Drama Théâtre. Avignon 2007

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