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Au rive gauche
11 décembre 2011

Le parti c'est la mémoire !

karl_marx_doctrine_livrePRÉFACE A LA TRADUCTION RUSSE DES LETTRES DE MARX A KUGELMANN
En publiant une brochure avec toutes les lettres de Marx à Kugelmann qui ont paru dans l'hebdomadaire social-démocrate allemand Die Neue Zeif, nous nous sommes proposé de mieux faire connaître Marx et le marxisme au public russe. Dans sa correspondance, Marx donne une très large place, comme il fallait s'y attendre, à ses affaires personnelles. Pour un biographe, c'est là une documentation de la plus haute valeur. Mais pour le vaste public et pour la classe ouvrière de Russie en particulier, les passages de cette correspondance qui traitent de questions théoriques et politiques sont infiniment plus importants. Chez nous précisément, à l'époque révolutionnaire que nous traversons, il est particulièrement instructif d'approfondir cette documentation : elle nous montre en effet comment Marx réagit directement devant tous les problèmes du mouvement ouvrier et de la politique mondiale. La rédaction de la Neue Zeit dit avec raison que "nous sommes élevés au-dessus de nous-mêmes par les contacts avec l'œuvre d'hommes dont la pensée et la volonté se sont formées au cours de grands bouleversements sociaux". Pour un socialiste russe, en 1907, cette connaissance est doublement indispensable car elle fournit une masse d'indications très précieuses sur les tâches immédiates des socialistes dans toutes les révolutions que traverse son pays. La Russie traverse justement un de ces "grands bouleversements". La politique de Marx dans les années relativement orageuses de 1860 à 1870 doit très souvent servir de modèle direct à la politique social-démocrate dans la révolution russe contemporaine.
Aussi nous permettrons-nous de souligner, très brièvement d'ailleurs, les passages les plus importants, au point de vue théorique, de la correspondance de Marx, et de nous arrêter plus longuement sur sa politique révolutionnaire de représentant du prolétariat. La lettre du 11 juillet 1868 (édition russe, page 42 et suiv.) présente un intérêt tout particulier pour l'intelligence complète et profonde du marxisme. Marx y expose très nettement, sous forme de notes polémiques contre les économistes vulgaires, comment il comprend ce que l'on appelle la théorie de la valeur "du travail". Ce sont précisément les objections à la théorie de la valeur de Marx qui viennent le plus naturellement à l'esprit des lecteurs les moins préparés du Capital et qui sont reprises avec beaucoup de zèle par de médiocres représentants de la "science universitaire" bourgeoise, ce sont ces objections qui sont analysées ici par Marx, brièvement, simplement, avec une remarquable clarté. Marx montre ici la voie qu'il a suivie et qu'il faut suivre pour parvenir à expliquer la loi de la valeur. Il nous enseigne sa méthode à l'aide des objections les plus ordinaires. Il explique la relation qu'il y a entre une question en apparence purement théorique et abstraite comme la théorie de la valeur et, d'autre part, les "intérêts des classes dirigeantes" qui exigent la "perpétuation de la confusion". Il ne reste qu'à souhaiter que tous ceux qui commencent à étudier Marx et à lire Le Capital lisent et relisent la lettre que nous indiquons, lorsqu'ils travailleront sur les premiers chapitres du Capital, qui sont les plus difficiles. Au point de vue théorique, il y a d'autres passages très intéressants dans ces lettres : ceux où Marx donne son appréciation sur divers écrivains. En lisant ces lignes alertes et passionnées, où se révèle l'intérêt brûlant que portait Marx à tous les grands courants d'idées et à leur analyse, on croit entendre la parole même du génial penseur. Outre certaines appréciations jetées en passant sur Dietzgen, l'attention des lecteurs doit se porter sur ce que Marx dit des proudhoniens (p. 17). La "brillante" jeunesse intellectuelle, issue de la bourgeoisie, qui se rallie "au prolétariat" dans les périodes d'essor du mouvement social, sans pouvoir assimiler le point de vue de la classe ouvrière et travailler avec persévérance et sérieux "dans le rang" des organisations prolétariennes, est dessinée ici en quelques traits d'une netteté saisissante.
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Chat_noir_chat_blanc_filmL'ex-camarade, avec qui je discutais hier matin, me faisait part de son souhait de réécrire, ou redéfinir collectivement, les principes organisationnels en fonction desquels nous devrions nous réorganiser en perspective des évènements à venir. À partir du marxisme, certes. Mais pas exclusivement, ajoutait-il ! Esthétiquement, ça tient tout à fait debout. En revanche, c'est faire preuve d'une grande naïveté, politiquement parlant. Pour ne pas dire prétention. Il suffit, pensais-je en l'écoutant s'écouter parler, de considérer la modestie avec laquelle Lénine aborde les questions théoriques du parti, sa tactique comme sa stratégie, pour se dire qu'il y a des expériences historiques que nous ne saurions réinventer, si nous ne les avons pas vécues. Autrement écrit, n'est pas Marx qui veut. Pas davantage que César, Robespierre, Napoléon, Shakespeare, Einstein etc. Ensuite, je rencontrai la même incompréhension, le soir au cours de la conversation que j'eus avec un ami, au sujet de l'internationalisme prolétarien. Lequel compère confondait : amitié entre les peuples, voire entre les états sauce stalinienne, et l'internationalisme de classe. Et me retrouvais avec lui dans la même impossibilité de nous rencontrer que je ne l'étais, au début des années 70, avec les étudiants maghrébins ou autres, organisés en associations nationales estudiantines. histoire_de_sa_vie_Marx_LivreOr, la révolution est tout sauf "un long fleuve tranquille" dirons-nous. S'y présenter sans s'être donné un maximum de chances de vaincre, équivaut à donner ipso facto la victoire au camp d'en face. Et "rebelotte", semble nous dire la bourgeoisie qui elle a du personnel, qu'elle est toujours en mesure de payer.
Le courage ne suffit pas, on le voit quotidiennement, là où les hostilités ont recommencé. Le nombre de morts n'y fait pas davantage. Car la bourgeoisie est capable d'en envoyer plus encore au "casse pipe". On l'a vu avec ses deux dernières guerres mondiales et celles qu'elles mènent en permanence, partout là où ses intérêts sont en jeu. Seule classe exploiteuse au monde désormais, la bourgeoisie dispose de nous comme d'une force de travail ou comme de la chair à canon, si besoin est ! De la réserve elle en a, la vache !
Passer par-dessus l'obstacle des frontières nationales est spécifiquement la spécialité ainsi que la force du marxisme. Marx, Lénine, Trotsky (pour ne citer qu'eux) ne se préoccupèrent pas uniquement des intérêts de la classe ouvrière de leur pays d'origine. Au contraire dirais-je ! Marx et Engels nous sont plus indispensables (à qui veut connaître la situation exacte du prolétariat français tout au long du 19ème siècle) que ne le sont Proudhon et consorts. De même, en ce qui concerne le degré d'acuité atteint par la lutte des classes dans les pays les plus avancés à cette époque. C'est ainsi et n'est pas près de changer ! Autant l'admettre une bonne fois pour toutes. Ça fera gagner beaucoup de temps et épargnera beaucoup de vies humaines ! Et puis, inventer n'est pas donner à tout le  monde, dirai-je. Sans doute n'est-ce qu'une marotte de petit-bourgeois. Et n'est possible que dans certaines conditions.
C'est par ailleurs "enfoncer une porte ouverte" que de dire qu'une révolution ne se décrète pas ! Ceux qui eurent la chance d'en traverser une ou deux furent des privilégiés. Et de ce fait disposent d'une expérience qui ne peut s'inventer. Dès lors, rien n'est plus aisé pour eux que de nous en transmettre la substantifique moelle. Pour peu qu'ils aient eu du talent, du courage, de même que les outils théoriques pour le faire.

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