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Au rive gauche
7 novembre 2011

Le capital, c'est du temps de travail gratuit !

De la révolution étranglée et de ses étrangleurs Réponse à André Malraux
"Un travail urgent m'a empêché de lire en temps opportun l'article de M. Malraux qui plaide, contre ma critique, en faveur de l'Internationale communiste, delittérature-et-révolution Borodine, de Garine et de lui-même. En qualité d'écrivain politique, M. Malraux est encore plus éloigné du prolétariat et de la révolution qu'il ne l'est en qualité d'artiste. Ce fait, en soi, ne suffirait pas à justifier les lignes que l'on va lire, car il n'a jamais été dit qu'un écrivain de talent doive nécessairement être un révolutionnaire prolétarien.
Si, néanmoins, je reviens à l'examen d'une question déjà effleurée, c'est pour l'intérêt du sujet et non point pour parler de M. Malraux.
Les meilleures figures de son roman, ai-je dit, s'élèvent jusqu'à être des symboles sociaux. Je dois ajouter que Borodine, Garine et tous leurs "collaborateurs" sont les symboles d'une bureaucratie quasi révolutionnaire, de ce nouveau "type social" qui est né, d'une part, grâce à l'existence de l'État soviétique et, d'autre part, grâce à un certain régime de l'Internationale communiste. J'ai refusé d'assimiler Borodine au type des "révolutionnaires professionnels", bien qu'il soit ainsi caractérisé dans le roman de M. Malraux. L'auteur essaie de me prouver que Garine possède autant de ces boutons de mandarin qui lui donneraient droit au titre en question. M. Malraux ne juge pas mal à propos d'ajouter que Trotsky possède quelques boutons de plus. N'est-ce pas drôle ? Le type du révolutionnaire professionnel n'a rien d'un personnage idéal. En tout cas, c'est un type bien défini, qui a sa biographie politique et des traits nettement marqués. La Russie seule a été capable, depuis quelques dizaines de lustres, de créer ce type et, en Russie, plus complètement que tout autre parti, celui des bolcheviks. Les révolutionnaires professionnels de la génération à laquelle appartient, d'après son âge, Borodine, commencèrent à se former à la veille de la première révolution, subirent l'épreuve de 1905, prirent de la trempe et s'instruisirent (ou se corrompirent) pendant les années de la contre-révolution. C'est en 1917 qu'ils eurent la plus belle occasion de vérifier ce qu'ils étaient.
De 1903 à 1918, c'est-à-dire dans la période où se formait, en Russie, le type du révolutionnaire professionnel, un Borodine, des centaines et des milliers de ses semblables restèrent en dehors de la lutte. En 1918, après la victoire, Borodine vint au service des Soviets : ce qui lui fait honneur ; il est plus honorable de servir un État prolétarien qu'un État bourgeois. Borodine se chargeait de missions dangereuses".
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Balzac-et-la-tailleuse-petite-chinoiseLa critique que Trotsky fit de l'appréciation de l'échec (ainsi que des causes) de la révolution chinoise de 1927 par Malraux, reste d'une grande fraîcheur tout autant que d'une actualité indéniable, un peu plus de 3/4 de siècle après avoir été écrite. C'est cela la force de posséder un programme révolutionnaire, contrairement à une approche purement esthétique des événements, aussi artistique et talentueuse soit-elle.La-condition-humaine En revanche, le roman a mal vieilli et n'offre plus aucun repère qui puisse baliser les chemins à venir. Si toutefois il en offrit jamais un jour. Toujours est-il qu'il marqua une génération de gauche, au moins. Résistant plus que jamais aux modes, alors qu'il vient tout juste d'être exilé par Staline, Trotsky a 62 ans et une autre expérience surtout que le futur "prix Goncourt de l'année 1933", en la personne du jeune Malraux. Qui, en 1931, vient d'avoir tout juste 30 ans. À la recherche d'une certaine notoriété ce dernier ne cherche qu'à surfer sur la vague révolutionnaire des années 30. Laquelle, hélas pour lui, fut complètement gangrénée par le stalinisme, que Malraux confond à dessein avec son communisme. L'opportunisme "ça eût payé, mais ne paie plus…" Et je ne parle pas de Malraux, vieille baderne, ministre de Gaulle en 68, cela va sans dire.
Or, les indignés du monde entier seraient les plus avisés des révoltés, s'ils décidaient de s'emparer du capital politique et d'expériences que nous léguèrent les trois Internationales communistes successives. Ceci écrit, ils n'en prennent spontanément pas le chemin. Et empruntent davantage le parcours du mouvement : "les enfants de Don Quichotte", puis campent sur les places publiques. Mais, il en faudra plus pour faire trembler la bourgeoisie. qui souvenons-nous en, en a vu d'autres. Et nous n'en sommes qu'au début ! Car, les différents plans d'austérités, successifs, auxquels nous allons être soumis risquent bien de réveiller le vieux lion qui dort en nous ! Quelle que soit la façon et avec la complicité de qui, ces restrictions vont nous être annoncées. Une seconde journée de travail gratuite (si elle se confirme) n'est rien d'autre qu'une baisse des salaires et une plus-value nette pour les patrons. Lorsque nous disons que la lutte entre le capital et le travail (la luttes des classes) se résoud à un allongement du temps de travail gratuit, nous ne pouvons mieux dire les choses. Les-conquérants
En revanche, utiliser la bonne vieille dette étatique comme prétexte pour nous rançonner est un procédé aussi vieux que ne l'est la formation du "capital financier". Qui résulta de la fusion entre le "capital industriel" et le "capital bancaire", ce au cours du 19e siècle. Non autorisé à dégager de la plus-value, l'État s'endette auprès des banques ses partenaires privilégiés, de même que ses propres protégées. Au fond, "le déficit" : n'est autre que la bouteille à l'encre (servant à remplir les encriers, qui garde une opacité certaine. Son caractère opaque, comparable à une situation incompréhensible, a donné cette expression), ou c'est le chien qui veut se mordre la queue.
Sans chercher à refaire l'histoire, nous ne passerons pas à côté non plus. La bourgeoisie le sait mieux que les indignés, elle qui tire les leçons de son passé. C'est ce qui a toujours fait la force des exploiteurs, en opposition aux exploités qui eux aspirent à une certaine tranquillité. En somme, il faudra que la bourgeoisie pousse le bouchon véritablement trop loin, pour que les prolétaires ne prennent le mord aux dents. Et accomplissent, eux-mêmes, leur tâche historique.


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