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Au rive gauche
5 novembre 2011

Les voies de la révolution demeurent impénétrables !

Le drame du prolétariat français par Léon Trotsky, suite :
"Mais déjà la contagion agit. Parmi les soldats de Bourbouze, la fermentation commence. Ils attendent quelque chose ; ils discutent avec animation et, comme par hasard, quelques centaines d'entre eux se réunissent sous le toit Hun café détruit. Il faut se rendre compte de ce qui s'est passé ; il faut des réponses, des idées, des mots d'ordre, des chefs. La foule nomme ceux qui ont le mieux mérité sa confiance dans les tranchées. C'est l'honnête, et qui n'est déjà plus jeune, paysan Goutaudier ; c'est Favrolles, le beau parleur aux grands gestes ; c'est le jeune Ledrux qui s'impose du premier coup comme un chef, avec son regard d'aigle, mais sans expérience. Et alors se déroule le véritable drame de l'insurrection commençante de la classe opprimée, sans programme, sans drapeau, sans bonne organisation, sans chefs éprouvés à l'œuvre. Goutaudier est de toute son âme pour l'action solidaire des travailleurs, pour la cessation de la guerre, pour l'entente avec ceux d'en face : c'est l'honnête et borné pacifiste. Mais combien le discours de ce paysan d'âge mûr, en capote de soldat, est plus élevé et plus attirant que la rhétorique pacifiste d'un Georges Pioch, ou les pacifistes calembours d'un Victor Méric ! La masse fait bon accueil à Goutaudier, mais elle n'est pas satisfaite : le but est esquissé, tant bien que mal, mais la voie n'est pas indiquée. Le pacifisme est passif et expectant par essence : il est plein d'espoir et d'attente, mais sans programme d'action. Or, c'est précisément un programme qu'il faut maintenant, puisque déjà la masse est soulevée. Favrolles prend la parole. Son vide intérieur, son inconscience braillarde se masquent sous l'énergie de ses propositions. Favrolles cherche à faire passer d'enthousiasme une mesure dont il a sans doute bavardé plus d'une fois avec les habitués de son café anarchiste : massacrer immédiatement tous les officiers, en commençant par Bourbouze, après quoi on verra clair.
L'assemblée se réserve, les uns approuvent, la majorité s'effraie. Cette division dans la masse entraîne l'incertitude, et l'incertitude un sentiment démoralisant d'impuissance. Alors parait le jeune Ledrux ; il ne redoute pas l'emploi de la violence révolutionnaire, il la reconnaît nécessaire, mais le pays ne comprendrait pas actuellement le massacre des officiers. Les mesures extrêmes, non préparées par le cours des événements, non motivées psychologiquement, porteront la division dans la masse des soldats. L'application prématurée de la terreur révolutionnaire isolera les hommes d'action. Ledrux propose de constituer avant tout un organe représentatif de l'armée révolutionnaire : des conseils de soldats."   
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destin_revolution_livrele_roi_se_meurt_th_atreDepuis les évènements dits "de Mai 68", nous n'avons jamais autant entendu parler de révolution, dans les médias. Sans que cela ne nous avance de beaucoup, tout au contraire. Ceci écrit, sans chercher à jouer sur les mots bien entendu. C'est pourquoi nous nous efforçons de retrouver le sens que le mot 'révolution' a toujours eu pour les révolutionnaires socialistes. À savoir, celui d'un bouleversement aussi violent que radical des bases de la société, que sont les formes de la propriété sociale des moyens de production.
Révolution qui passe nécessairement par une expropriation des classes possédantes, opérée par des masses organisées indépendamment de leurs oppresseurs. Ce qui pour ces dernières nécessite la création d'un parti en vue de la prise du pouvoir, d'une part, puis concomitamment le contrôle des forces armées, d'autre part. Sans oublier la planification économique qui découle d'un tel processus. Dès lors que l'on précise cela, nous nous apercevons qu'il y a déjà moins de révolutionnaires.
Bref, ceci ne ressemble en rien aux soulèvements de dizaines de milliers de gens très déterminés, mais sans suite, auxquels nous avons assisté avec le printemps Arabe. Même, avec tous les risques mortels que prirent les populations de Tunisie, d'Égypte, de Lybie et d'ailleurs. Et prennent toujours, pour l'instant, en Syrie, là où le dictateur continue à s'accrocher, à moins qu'il ne soit encore suffisamment soutenu.
Ceci pour dire que ce n'est pas le nombre de morts qui fait d'une révolte une révolution. Les prises de la Bastille en 89 à Paris, de même que celle du Palais d'hiver à Moscou en 17, n'en firent que très peu, eu égard à la signification historique de ces deux évènements. Pour ne parler que des plus retentissants, ne l'oublions pas ! Ce qui cause davantage de morts que les révolutions, ce sont les guerres civiles que les classes possédantes n'hésitent jamais à allumer, une fois celles-ci renversées. Jusqu'à l'Église catholique qui n'hésita pas à le faire, lorsqu'on toucha à ses biens.
jeunesse_octobre_livreRevenons à ce qui nous occupe. Je veux parler de ce qui restera de la culture bourgeoise, une fois la révolution prolétarienne accomplie ! Nous pourrions penser que Trotsky avait bien d'autres chats à fouetter, en 1922 à Moscou, que de critiquer "La nuit", pièce de théâtre de Martinet, auteur français des moins connus, accordons-le lui. C'est pourtant ce qu'il fit, et bien d'autres choses encore, comme nous le verrons, sans qu'il ne l'ait vue jouer, je suppose. Il faut croire que les communications fonctionnaient déjà bien, sans Internet, la téléphonie mobile et tout le tintouin… Ceci prouve que les dirigeants de l'Internationale communiste accordèrent une importance non négligeable à toutes les discussions et polémiques au sujet de la naissance ou non d'une culture prolétarienne, après octobre 17. Tout en étant eux-mêmes les plus au fait de la culture européenne, ainsi qu'on le voit.
Staline, ensuite, s'embarrassera moins de détails lui qui "vit" la naissance d'un homme nouveau, jusque dans la génétique. Pour laquelle il inventa une biologie de classe, avec le biologiste Lyssenko, désormais tristement célèbre.
Alors, avant de nous prononcer définitivement sur la possibilité ou non de l'apparition d'une autre culture dominante de classe, une fois la révolution accomplie, nous continuerons à exhumer des textes. Que seul Mai 68 fit renaître de leurs cendres, au niveau de l'édition au moins. Sans qu'ils n'aient été remis à l'ordre du jour. Anti-stalinisme oblige. Vive le socialisme !

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