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Au rive gauche
31 octobre 2011

À bas la jungle capitaliste !

Litterature_revolution_livreA la fille de Jack London :  "J'ai lu pour la première fois le Talon de Fer, de votre père… Ce qui intéresse l'auteur, c'est le destin du genre humain. Par là, je ne veux pourtant absolument pas diminuer sa valeur artistique… Le Talon de Fer porte d'ailleurs la marque indubitable de l'année 1905… Sur l'arène mondiale, la défaite du prolétariat russe donna au réformisme la possibilité de reprendre des positions un moment perdues… C'est précisément au cours des sept années suivantes (de 1907 à 1914) que la social-démocratie internationale atteignit enfin sa maturité… Jack London s'est tout particulièrement penché sur les problèmes que le socialisme officiel d'aujourd'hui considère comme définitivement enterrés : la croissance de la richesse et de la puissance à l'un des pôles de la société, de la misère et des souffrances à l'autre pôle. L'accumulation de la haine sociale, la montée irréversible de cataclysmes sanglants, toutes ces questions Jack London les a senties.. Nous n'allons pas discuter avec le poète sur un délai qui ne peut pas ne pas nous sembler extraordinairement long. L'important, ici, ce n'est d'ailleurs pas le pessimisme de Jack London… L'artiste pousse jusqu'à leur limite extrême les tendances internes du capitalisme à l'asservissement, à la cruauté, à la férocité et à la traîtrise. Si l'on se donne la peine d'examiner les critiques du Talon de Fer qui furent alors publiées dans les journaux allemands il ne sera pas difficile de se convaincre que le "romantique" de trente ans voyait plus loin que tous les leaders sociaux-démocrates... Enfin, rien n'est plus frappant dans l'œuvre de Jack London que sa prévision vraiment prophétique des méthodes que le Talon de Fer emploiera pour maintenir sa domination sur l'humanité écrasée. London s'affirme magnifiquement libre des illusions réformistes et pacifistes. Dans son tableau de l'avenir il ne laisse absolument rien subsister de la démocratie et du progrès pacifique. Au-dessus de la masse des déshérités s'élèvent les castes de démocrates réunis de cette époque. Le chapitre "La Bête hurlante de l'Abîme" est indiscutablement le centre de l'œuvre… "Voilà dans quel abîme la bourgeoisie va nous précipiter si vous ne la mettez pas à la raison… London s'affirme magnifiquement libre des illusions réformistes et pacifistes. J'écris ces lignes à la hâte. LÉON TROTSKY. Coyoacan, 16 octobre 1937.

Twist_again_Moscou_filmjpgNous poursuivons, aujourd'hui, le rappel de quelques textes (voir la présentation des Douze de Block, de Brice Parain dans Lire encore), en rapport et avec la place que la culture bourgeoise gagna au sein du mouvement ouvrier, qu'elle conservera ou non après la révolution. Trotsky fut un des rares dirigeants révolutionnaires, marxistes, à s'êtrtalon_fer_livree prononcé sur les qualités et les faiblesses du patrimoine artistique bourgeois. Du point de vue de l'émancipation du prolétariat, d'une part, puis conséquemment de l'humanité toute entière, d'autre part. Signalons, au passage, que Shakespeare était l'auteur préféré de Marx et d'Engels, qu'ils le faisaient lire à leur entourage. En outre, Heine le poète et révolutionnaire petit-bourgeois allemand, bien connu en France, comptait au nombre de leurs amis communs. Ceci écrit, sans omettre les travaux de Plekhanov fondateur du Parti bolchevick, ou de Lénine seul marxiste à avoir dirigé une révolution victorieuse, sur lesquels nous reviendrons. Tâches qui avaient pour objectif de contenir, sinon combattre, l'influence et l'attrait que les idéologies petite-bourgeoise et bourgeoise exercèrent sur les organisations ouvrières de l'époque. Par l'intermédiaire du réformisme, notamment, et de l'intelligentsia en général !
Autant de rappels qui en "mettent un coup" au soi-disant sectarisme des révolutionnaires socialistes. Lequel comportement sectaire n'est l'œuvre que des falsificateurs staliniens, que les anti-communistes de tous bords amalgament à dessein aux fondateurs et autres défenseurs du marxisme.
Ceci étant, la lecture du roman Le talon de fer de Jack London, auteur que beaucoup de collégiens et lycéennes ne connaissent qu'à travers les aventures du chien Buck dans le Grand Nord ou du tragique destin de Martin Eden, fut loin de me laisser indifférent. Encore que ses prédictions quant à l'inéluctabilité du fascisme me prirent de cours. Sans doute, une analyse plus fine encore que celle qu'en fit Trotsky de sa personnalité, nous aiderait-elle à comprendre pourquoi un tel auteur à succès (estimé de son parti) finira par se suicider, tel son héros Martin. Mais laissons cela.
Quant au livre La jungle d'Upton Sinclair, il fut lui aussi un énorme succès de librairie vis-à-vis duquel Jack London contribua, ainsi qu'Upton le rappelle. Néanmoins, Sinclair avouera sa déception de n'avoir jamais pu rencontrer vla_jungle_livreéritablement son idole. Il est vrai que l'un buvait et fumait beaucoup, tandis que l'autre était un ascète. Peut-être cela suffit-il à tout expliquer ! Excellente transition qui nous amène aux plaisirs non négligés, aujourd'hui encore, de la table… ! Lesquelles jouissances, régressions et autres addictions, n'ont intrinsèquement rien de bourgeois, quant à leur nature. Jouir est toujours inconsciemment un retour à l'enfance !
Or, il se trouve que faisant allégeance à la classe qui l'opprime, toute classe opprimée imite ses mœurs, historiquement et psychologiquement parlant. Ce fut le cas entre la bourgeoise et l'aristocratie. Tant et si bien que beaucoup "de nobles façons de rouler dessous la table" parvinrent jusqu'à la classe ouvrière, via le conformisme bourgeois. Cette image divine du bonheur, n'est autre que celle de Bacchus "dæmon" du vin. À l'instar d'une adolescence à rallonge. Et puis, "qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse" : paroles de bourgeois aviné ! Cet héritage nous vient de loin, via les classes dirigeantes. Rien n'est effectivement plus "chébran" que de parler d'œnologie et ringard de le mépriser. N'oublions pas, enfin, que le gouvernement de Février, en Russie, a failli noyer la révolution d'Octobre dans l'alcool.
"Après moi le déluge !" : tel est l'idéal culturel de la bourgeoisie ! Tout le contraire de l'idéal prolétarien.
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