Qui a du fer a du pain… (Auguste Blanqui)

"Les Mémoires d'Hersh Mendel sont l'œuvre d'un ouvrier révolutionnaire qui, des dizaines d'années durant, joua un rôle significatif dans le mouvement ouvrier en Pologne… Avant la Première Guerre mondiale, il partage la vie de l'émigration russo-polonaise à Paris. Il participe à la révolution russe. Combattant de l'insurrection d'Octobre à Moscou, il est ensuite parmi les premiers volontaires de l'Armée Rouge. En 1920, il est membre du Comité militaire révolutionnaire du parti communiste de Pologne qui le charge de préparer un soulèvement à Varsovie, sur les arrières de Pilsudski, alors que l'Armée Rouge est en vue des murs de la capitale polonaise… Il joue un rôle important dans la lutte menée par les paysans et les ouvriers biélorusses contre l'oppression polonaise. Il dirige le travail juif du parti communiste de Pologne et entre, plus tard, dans l'appareil de l'Internationale Communiste, à Moscou…, il participe aux activités des militants et des disciples qui entourent Léon Trotsky…
Dans la sombre mansarde de ses parents, dans les prisons de la Russie tsariste, dans la Pologne de Pilsudski, à l'École Lénine de Moscou et dans les cercles de discussion du mouvement clandestin, partout il lisait avec avidité tout ce que les textes marxistes classiques — économiques, historiques et philosophiques — et la littérature mondiale avaient à lui offrir… La révolution russe de 1905 fut l'éclair qui illumina son horizon. A cette lueur, Hersh Mendel lut les œuvres de Marx, Engels, Kautsky et Plekhanov ; les romans de Tolstoï, la poésie de Mickiewicz et les pièces de Peretz… A dater de 1905, sa vie intellectuelle progresse au rythme des grands événements historiques. Pour cette raison, les Mémoires d'Hersh Mendel vont bien au-delà du simple récit de son combat politique… Pour beaucoup, l'unité de la théorie et de la pratique n'est qu'une expression ronflante… La cruauté des forces élémentaires libérées par la tempête révolutionnaire russe ; les convulsions de la structure sociale soviétique secouée par les contradictions de la période de transition et, finalement, la dégénérescence stalinienne du mouvement ouvrier, déjà ébranlé dans une Europe transformée en enfer par l'occupant hitlérien… Le destin implacable ne peut cependant émousser sa sensibilité exceptionnelle ni la noblesse de ses sentiments. Au contraire, il renforce en lui la compassion, la sympathie et la solidarité avec les déshérités et les humiliés… Hersh Mendel n'exhibe pas ce trait de caractère… il s'étonne, dans un soudain éclair de lucidité, de la bestialité des tortionnaires qui viennent de torturer son compagnon de chaîne — un paysan biélorusse.

À me lire quotidiennement on pourrait, à tort, me prendre pour quelqu'un de tendance plutôt alarmiste, voire défaitiste si ce n'est dépressif. Moi, qui à longueur de colonnes annonce des printemps pluvieux, de même que des étés houleux et tutti quanti, sans parler du reste tout à l'encan. Ce, jusqu'au grand soir..., si toutefois les choses se passent ainsi.
Or, à la lumière seulement de ce que les médias (à la solde des fauteurs de crises) nous rapportent des réactions des Grecs, des Italiens etc., déjà touchés par les différents plans de restructuration de leurs États, nous observons la tendance et en tirons les leçons. "Ça ne passera pas comme une lettre à la poste", parole d'opprimé !
En outre, ce que les mêmes journalistes relatent de ce qui tendancieusement filtre des réunions des différents sommets européens à répétition, n'est pas fait pour nous rassurer non plus. Pas plus que les dernières annonces de plans de licenciements chez Renault et Peugeot, tandis que ces deux trusts augmentent leurs chiffres d'affaires, nous dit-on.
Non pas que je ne me préoccupe davantage que l'État chinois ni du sauvetage de l'€, ni de la zone économique européenne, tout au contraire. Je me dis seulement "qu'à force de tirer sur la corde, elle finira bien par se casser " ainsi que le disait mon instituteur aux tire-au-flanc.
Toujours est-il que l'unité d'action, tant réclamée par les syndicalistes, pourrait bien être l'œuvre de nos ennemis de classe. Lesquels, aveuglés par leurs désirs effrénés d'engranger toujours plus de profits, se mènent une concurrence à mort qui, elle, nous poussera à réagir de concert.
C'est ce qui s'est toujours produit dans l'histoire du mouvement ouvrier et qui ne manquera pas de se reproduire, soyons-en certains. Insuffisamment organisés encore au 19eme siècle, les ouvriers furent de ce fait utilisés comme masse de manœuvre par la bourgeoisie. Avant que celle-ci n'assoie sa seule autorité sur les anciennes classes dirigeantes. Trop faible de son côté ou trop occupée à "faire ses propres affaires", la bourgeoise eut parfois besoin de se faire tirer les marrons du feu par d'autres. Ceux justement qu'elle exploite, lorsque les circonstances s'y prêtent. Mise ainsi en mouvement, la classe ouvrière se dotera finalement d'organisations à elle. Avant de se les faire reprendre, il faut bien le dire !
La bourgeoisie peut aller jusqu'à armer le peuple parfois et exceptionnellement. La difficulté pour elle ensuite étant de récupérer les armes. Comme on le voit en Lybie actuellement. Là où la chute de l'ancienne ancienne dictature a nécessité une guerre civile, contrairement à la Tunisie ou l'Égypte. Et nous pourrions y ajouter l'Irak, l'Afghanistan... En somme : donner des armes est facile, les reprendre est plus difficile !
Bref, il apparait que si un mouvement de grèves et de manifestations se coordonnaient à l'échelon européen, nous aurions là une tribune exceptionnelle, afin de nous adresser au prolétariat du reste du monde. À condition que nous ayons commencé par le début, à savoir : la construction d'un parti révolutionnaire. Ces préoccupations-là étaient déjà les miennes, lorsque je correspondais avec le jeune ami du jour (voir lire encore). Prédictions pessimistes déjà, à l'époque, pour certains, elles reviennent néanmoins à l'ordre du jour.
Vive la construction d'un parti révolutionnaire ! >> Lire encore