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Au rive gauche
30 septembre 2011

Une histoire toute simple !

Le milieu où est né l'épopée
"C'est un long poème, écrit en Babylonie il y a plus de trente-cinq siècles, dans la langue alors usuelle, là-bas : l'akkadien, idiome sémitique mort depuis plus deepopee-de-gilgames-livre deux millénaires...
Les deux derniers groupes ethniques venus, les plus vivaces, les plus inoubliables nous sont beaucoup plus familiers : nous les appelons, ceux-ci, les Akkadiens, ceux-là, les Sumériens. Les premiers étaient des Sémites, venus des franges septentrionales du grand Désert syro-arabe.. Les Sumériens nous demeurent beaucoup plus secrets, du fait que rien — pas même leur langue, totalement isolée, à nos yeux, et aussi loin de l'akkadien que le chinois peut l'être du français... Sumériens et Akkadiens se sont apprivoisés, avec le temps... Que les Sémites akkadiens y aient d'emblée mis beaucoup du leur, c'est indéniable... C'est à eux, par exemple, que l'on a de bonnes raisons d'imputer, dès avant la fin du IVe millénaire, l'invention du premier système mis au jour pour fixer et diffuser la pensée : la première écriture... Ils s'étaient répartis en menus territoires autonomes, de la moitié ou du tiers d'un de nos départements, et que nous appelons Cités-États, sortes de principautés, gouvernées chacune par un roitelet, centrées sur une ville qui lui servait de capitale, au milieu d'un certain nombre de moindres agglomérations, urbaines ou villageoises, et d'un territoire, partie laissé à la steppe : au désert ; partie voué à la culture, surtout céréalière, et à l'élevage du menu bétail. Telles étaient les deux "mamelles" de l'économie locale, source d'une opulence rapidement expansive, de par la fertilité étonnante de ce sol d'alluvions et d'argile, et la peu commune aptitude des habitants à un travail acharné et programmé avec intelligence.
L'élévation consécutive du niveau de la vie et de ses besoins, non moins que la richesse en surplus entassés, les ont très tôt contraints à s'en aller chercher à l'étranger, aux alentours de leur plate vallée d'argile, de roseaux, de quelques coulées de bitume et d'un peu de calcaire, bois, pierres et minerais qui leur étaient de plus en plus indispensables, et qu'ils pouvaient se procurer aussi bien par les razzias et incursions belliqueuses que par l'échange. Sans parler des ripostes possibles des voisins ainsi spoliés, il arrivait, naturellement, que les Cités-États se fissent entre elles la guerre, pour des raisons d'intérêt ou de prestige, sans doute même — c'est humain ! — de plus en plus fréquemment : aussi, pour faire face à une telle situation d'incertitude croissante, dans le territoire, à partir du second tiers du IIIe millénaire, les villes se sont-elles emmantelées de larges remparts. Tel est le pays, tel est le milieu culturel, économique et politique dans lequel les auteurs de l'Épopée en sont allés chercher le héros : Gilgameš." Jean Bottéro

Comment-j'ai-tué-mon-père-fNous en terminons, aujourd'hui, avec ce que j'écrivis à l'occasion des 40 ans de ma fille aînée. Telle une ode à la fonction paternelle. à moins que ce ne fût qu'une manière, comme d'autres, de mettre un terme à ma propre problématique de ce point de vue (mes parents aux deux extrémités de la photo ci-contre en 66). Année qui précède la naissance de "Manu". photo-famille
Et puis si d'aventure il m'avait fallu un prétexte afin de clore, peut-être, les hostilités au sujet de cette question paternelle (devenue de plus en plus épineuse actuellement), le film : Comment j’ai tué mon père d'Anne Fontaine nous le fournira. De quoi s'agit-il ?
Un vieux monsieur jaillit, d’on ne sait où et sans crier gare, dans la vie de son fils aîné (qu’il avait quitté alors que ce dernier n’avait que dix ans). Jean-Luc (le fils) présente, en revanche, tous les aspects de la réussite sociale. Patron d’une clinique dans une ville moyenne, dont la clientèle est des plus huppées. Il "réussit tout ce qu’il entreprend".
Glacial au départ, le fils accueille néanmoins ce père, dont il n’a que quelques souvenirs et ne sait surtout que faire. Très vite Jean-Luc l'accable de plus en plus de reproches. Sans doute parce que celui-ci se révèle beaucoup plus consistant que lui. Dont la réussite n’est qu’un cache-misère. Jean-Luc a en effet une maîtresse (appartenant à son personnel) qu’il trompe, néanmoins, avec la première prostituée venue. La galère, quoi !
Plus le film avance et plus ce père dilettante devient gênant pour ce fils à la vie des plus dissolues. Or, de multiples services en attentions répétées, le père se rapproche insensiblement de sa bru... Et prend la mesure du drame, que ce couple "promène" de réception en dîner mondain. Afin de compléter le tableau, ce fils, qui n’avait pas eu de père, ne voulait pas d’enfant lui non plus. Non pas parce qu’il y serait insensible, mais davantage parce qu’il ne veut pas tordre le cou au petit garçon qu'il demeure lui-même. Et qui le pousse sans cesse dans sa quête effrénée et insatiable de plaisir.
Sans père réel ni symbolique à "tuer", Jean-Luc put ainsi se considérer comme étant lui-même encore le fils de..., éternellement engoncé dans son Œdipe. Narcissiquement autorisé à rechercher son plaisir personnel, je le répète. Car être adulte, aphoto-famille-2voir tué le père, c’est au contraire différer ce plaisir ! Il apparaîtrait, enfin qu’en intervenant dans la vie de son fils, ce vieux monsieur se soit en définitive comporté comme un vrai père. Y compris et grâce à sa bru, laquelle n'en pouvait plus.
J'en veux pour preuves que ce ne seront que mes compagnes qui seules m’aideront à tourner définitivement le dos à mon enfance. Au fond, le bon père c’est celui qui nous arrête, à l'instar du commandeur dans Don Juan ! Et qu'il faut néanmoins tuer... (ci-contre en 1980; une photo de famille pour les 70 ans de notre mère.) Cinq fils, pour un père ! Tel Abraham... >> Lire encore

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