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Au rive gauche
13 septembre 2011

Il faut éduquer les éducateurs ! (Marx)

amelia_livreAMELIA OU LE  DRAME  D'HENRY FIELDING
Fielding, à la fin de sa vie, exprimait sa prédilection pour le dernier. "De toute ma progéniture, disait-il, Amélia est mon enfant préféré... Je ne pense pas qu'il soit entièrement dénué de défauts. Je ne connais rien d'humain qui soit ainsi ; mais assurément il ne mérite pas la haine avec lequel il a été traité"... Au dix-huitième siècle, ce roman avait pourtant rencontré un grand succès... Peu de temps après la première édition anglaise qui est de la fin de 1751, on pouvait lire dans La Correspondance littéraire de Grimm et Diderot ce jugement sur Fielding qui n'est pas un mince éloge : M. Fielding est un auteur très original, grand peintre, toujours vrai et quelquefois aussi sublime que Molière... Un certain nombre d'épisodes simples et familiers sont restés célèbres outre-manche comme des modèles insurpassables de tendresse émue, de douleur poignante, mais sans rien de macabre ni la moindre étrangeté, bien au contraire, dans les circonstances les plus courantes de la vie... Fielding sait nous faire partager le malheur d'Amélia, la tristesse de sa solitude.. D'évidence, ce sont de telles scènes qui ont conquis le public français du dix-huitième siècle ; il est possible que les procédés d'exposition de Fielding l'aient un peu déconcerté, mais les traducteurs étaient là pour arranger les choses ; il est probable que les allusions, voire l'ironie lui échappaient ; il est à peu près sûr que le fonds politique lui était étranger.. Amélia n'a rien à voir pourtant avec ces romans. C'est un roman d'un réalisme révolutionnaire pour l'époque, un véritable roman politique qui met à nu les tares d'une société, nous conduit dans ses bas-fonds, parmi ses escrocs, ses nobles corrompus, ses consciences à vendre et à acheter, ses prostituées et ses honnêtes intermédiaires en tout genre, avec une hardiesse qui annonce Dickens comme Balzac, ou Les Misérables... Sur le plan du roman, c'est la gageure du roman d'amour après le mariage des protagonistes, la tentative d'embrasser les événements échelonnés sur une dizaine d'années..., la corruption générale, bref, le rôle souverain de l'argent dans l'Angleterre d'après la révolution de 1688... Pour la psychologie, on peut constater la même éclatante maîtrise, avec une profondeur dans l'analyse de l'amour qui fait présager Stendhal, en même temps que des dizaines de personnages sont parfaitement campés, grouillant de vie... Deux cents ans après la mort de Fielding, un siècle après la dernière édition française du roman, Amélia pouvait enfin trouver son public. (Pierre Daix)

family_life_filmL'année de sortie dans les salles de cinéma (1971) du film Family Life de Ken Loach, fut l'une des dernières que je passai au sein de l'usine Rhodiacéta. Que je ne quittai qu'en juillet 72, avec pour perspective de faire ma rentrée à l'I.F.E.S. nouvellement créé à Besançon à l'automne. Or pourquoi le taire, il me fallut plusieurs mois de réflexions, quelques évènements et surtout des rencontres opportunes avant même que je ne pensai à me présenter au concours d'entrée de l'Institut de Formation des Éducateurs Spécialisés de Besançon, fin 71.
C'est ainsi qu'il se pourrait tout à fait que je n'aie pas entendu immédiatement parler de la sortie de ce film qui pour le moins fit scandale. Mes préoccupations étaient on ne peut plus ailleurs, est-il besoin de le dire. Ce d'autant plus que tout n'allait pas au mieux au sein de la section C.F.D.T. pour moi. Car, après avoir été accueilli à bras ouverts, je me sentais déjà, et pour la première fois de ma vie militante, persona non grata. Because la fermeture prochaine de l'usine, que d'aucuns syndicalistes connurent avant tout le monde. Lesquels engagèrent probablement des négociations secrètes sur leur devenir personnel. La suite le prouvera.
Bref, je ne dus que peu entendre parler de psychanalyse jusque-là. D'autant plus que tout cela put m'apparaitre par trop "petit-bourgeois", autrement dit : trop coupeur de cheveux en quatre. Sans doute beaucoup de choses se dirent-elles déjà à l'encontre de Freud et de sa découverte de l'inconscient, dans le secteur de l'enfance inadaptée surtout et hors de celui-ci de même. Onfray, pourfendeur de portes ouvertes, n'a rien inventé loin s'en faut !
Assurément, il y eut des membres de la toute nouvelle C.D.F.T. ainsi qu'à l'intérieur du P.S.U. pour évoquer la psychanalyse (de Jung de préférence), s'il n'y avait pas recours eux-mêmes. Or, d'après les résultats ou leur absence, que je dus constater par moi-même, j'en déduisis que rien ne pressait de ce côté. Il y a, à n'en pas douter, analystes et analystes...
Mon intérêt pour cette théorie analytique viendra, paradoxalement, à une époque où je militais au sein d'un groupe qui se montrait des plus hostiles envers toute approche jugée trop individualiste.
Entre temps, la direction qui créa l'école bisontine (elle même, sortie du sérail de Maud Mannoni, célèbre psychanalyste à Bonneuil dans la région parisienne), décida d'ouvrir grandes ses portes à quelques individus qui, comme moi, avaient préalablement déjà travaillé. C'est à la présence de ce groupe dirigeant que je dus mon intégration, dans un établissement pour lequel je n'étais pas préparé. Et puis, l'expérience tourna court. J'étais à peine arrivé, qu'une seconde direction succédait à la première.
Toutefois, le film de Ken Loach ne pouvait, psychanalytiquement parlant, mieux tomber pour le néophyte que j'étais. Ce, d'autant plus que dans la même veine s'ajoutera Harold et Maude un film américain de Hal Ashby sorti de même en 1971. Le tout complété par la sortie de Vol au-dessus d'un nid de coucou, sorti en 1975. Sur fond de conflit Lip, la contestation tous azimuts battait son plein en ville. Bien que les résistances des établissements spécialisés eurent le dernier mot. Au point qu'on ne trouve plus trace de ce que les fondateurs ont voulu introduire dans ce secteur des plus fermés. De l'analyse institutionnelle, les élèves en sont revenus au projet personnel.  >> Lire encore

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