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Au rive gauche
10 septembre 2011

Un rêve passe !

"Préface : Je ne. crois pas aux fantômes, mais j'en ai peur», écrivait Mme du Deffand... Pressentiments, présages, rêves prémonitoires: les exemples nemyst_res_d_udolphe_livre manquent pas où l'au-delà affleure au texte, sans l'investir... À valetaille superstitieuse, maîtres incrédules ? Certes, le comte de Villefort et son fils Henri sont de farouches adeptes du rationalisme le plus absolu... Tout événement insolite, toute manifestation de l'étrange reçoit en son temps une interprétation rationnelle... Walter Scott trouvait que la romancière, si habile à faire naître notre curiosité, était bien moins heureuse à la satisfaire. Et les parodistes s'en donnèrent à cœur joie: pour citer une fois encore Bellin de la Liborlière, les spectres (et ils sont nombreux !) qui dans La Nuit anglaise (1799) persécutent avec tant de constance le pauvre M. Dabaud, s'avèrent être, au bout du compte, "de jeunes citoyens de l'École normale"... Il n'y a pas d'autre surnaturel, dans Les Mystères d'Udolphe, que celui que le lecteur invente pour lui-même — s'il le souhaite. Rien qui ressemble ici aux scènes diaboliques du Moine de Lewis (1796), ou au pacte impossible qui est au cœur de l'intrigue du Melmoth (1820) de Maturin : forte des enseignements de Burke, Ann Radcliffe fait l'économie de l'au-delà, tout occupée qu'elle est aux peurs d'ici-bas. L'Italien ou le Confessionnal des pénitents noirs, qu'elle publiera en 1797, où il faut sans doute voir une réplique très anglaise aux diableries importées d'outre-Rhin par Lewis, illustre le même art de l'ellipse et, s'il faut tout dire, utilise les mêmes artifices qui permettent à la romancière de faire l'économie complète de tout recours au surnaturel... Trouble est, sexuellement parlant, la situation d'Émilie à Udolphe... Lourde d'un sens pudiquement tu est cette porte sans verrou intérieur qui donne sur les noires abysses du château, sur l'en dessous des choses, du monde et de la ceinture... Sans doute l'imaginaire de la prude et puritaine Ann se situe-t-il à des années-lumière de celui de Sade... Mais l'inconscient a son mot à dire, ou à écrire, invisiblement : il y a beaucoup de non-dit dans le discours d'Ann Radcliffe, des opacités.. Un côté vertu, dont on pourrait même dire que la romancière l'exhibe avec quelque ostentation. À l'envers, il y a du désir..." Maurice Lévy

roi_et_l_oiseau_filmSans doute "n'y-a-t-il guère de fumée sans feu", mais c'est tout de même le fruit d'un sacré hasard si je rencontrai Odile hier, une amie de la période au cours de laquelle Emmanuelle ma fille (à droite sur la photo) et moi-même vivions ensemble, tandis que parallèlement je me préparais à vousenfants présenter un de mes nombreux rêves (voir : lire encore) se rapportant à la période incriminée. Et, comme chaque fois que cela se produit, ce qu'on m'en rapporte ne corrobore pas précisément le souvenir que je crois en avoir. Pour tout vous dire, cela me parait toujours moins culpabilisant !
Ceci étant écrit, force m'est de reconnaitre aujourd'hui que j'eus pendant longtemps de nombreuses réticences, pour ne pas dire davantage, à me souvenirs de mes rêves. On ne sort pas de là d'où je viens, sans traîner quelques casseroles, ainsi qu'il est coutume de le dire. Appréhensions ou résistances renforcées, en second lieu, par le milieu au sein duquel je militais politiquement. Lequel privilégiait la conscience que l'on pense avoir de ce qui se passe uniquement, à l'exclusion de toute activité inconsciente et onirique.
Et puis, "le salut" vint de là paradoxalement. Via l'hystérie que l'on rencontre, consciemment ou pas, dans toute activité pour le moins sublimée. Déiste ou non, d'ailleurs. C'est la conviction que j'en ai, maintenant. La conscience ne venant qu'au secours du "patient" que nous sommes vis-à-vis de nous-mêmes ! Histoire de retomber sur nos pieds, croyons-nous ! Car rien n'est plus humain que de désirer vivre en paix, tranquille. Ce qui, en période de révolution ou de guerre, devient le facteur le plus fragilisant. Illusion que le fascisme se targue comme justification de pouvoir apporter, mais à quel prix ? Ceci dit en toute modestie, car n'est pas spécialiste en la question qui veut. Comme pour tout, il faut se spécialiser ! Toujours est-il que j'arrive à un âge où mon passé me rattrape. Sous de multiples formes, est-il besoin de le dire. C'est le virage provoqué par le vieillissement, que l'on peut appeler autrement si on le désire, sans que ça ne change grand chose. L'heure des comptes arrive pour moi, c'est ce que mes deux filles n'ont pas manqué de me signifier. En salant quelque peu la note, elles ne me facilitent pas la tâche. Sans doute est-ce la loi du genre qui veut cela. Leur heure viendra à elles aussi, ainsi que Corneille le dit à "belle marquise". Sans que cela ne la défrise d'ailleurs. Parce qu'au fond, seul le présent compte à nos yeux.
C'est ce qui explique qu'avec le temps, nous pensons, à juste titre parfois, que ce que nous avons fait à un moment donné de notre vie, n'était peut-être pas la meilleure chose à faire. L'avenir a ceci de particulier qu'il est beaucoup plus lisible une fois derrière nous, qu'il ne l'est tant qu'il est devant. C'est, à titre de comparaison, comme commencer un livre par la fin, ça tue le suspense.
Voilà où j'en suis, au risque de vous paraitre bien pessimiste. Alors qu'il ne s'agit que de fatigue. Et puis, tout malfaiteur vous le dira : avouer soulage ! À titre de consolation, dirons-nous : seule la vérité est révolutionnaire ! >> Lire encore


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