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Au rive gauche
7 septembre 2011

Les bourses ou la vie !

Un enfant est né
"À Dublin, au début des années quatre-vingt, le dernier jour du mois de mars, une mère dans les souffrances de l'enfantement serra fortement les dents...une_enfance_irlandaise_livre, gémit et poussa et gémit et poussa, expulsa enfin de son sein un petit garçon et le projeta dans un monde où chevaux blancs... Où des soldats paradaient, comme sortis d'un coffre à jouets... Où l'énergie s'épanchait en bibles, brochures et hymnes, en délicieuses petites histoires hissant jusqu'au ciel ou basculant en enfer petits garçons et petites filles... où la passion, l'épouvante, le rire, les conflits, les larmes, la paix, la défaite, la victoire, l'agonie et la sueur sanglante du combat du ciel contre l'enfer se dissolvaient en une garden-party faite de couleurs mauve, rosé et crème, d'effluves suaves... Où l'on croyait, lorsque les enfants mouraient du croup, de consomption ou d'une fièvre maligne, qu'ils n'étaient pas en train de mourir, mais que c'était simplement Dieu qui les rappelait à Lui... Où presque tous trouvaient en Dieu réponse à tout chaque dimanche, et les six autres jours de la semaine trouvaient réponse à tout dans le branle-bas perpétuel, les bibles et les bercelonnettes... dans les cartes de la Saint-Valentin, les croix victoriennes et les vaccinations... Où près de chaque maison choyée du ciel, un bosquet cachait un singe, fourré là par Darwin... Ce serait certainement son dernier enfant et elle voulait qu'il vive. Les deux précédents, qu'on avait appelés John, étaient morts tous les deux, morts de la même chose... Elle se souvenait comment, dans un état proche de la panique, elle avait jeté un châle sur ses épaules et un bonnet sur sa tête, enroulé le petit corps dans une couverture, s'était ruée à l'extérieur, avait dévalé la rue, sauté dans un fiacre qui passait et supplié le conducteur, au nom de Dieu, de la conduire vite, vite, vite à l'hôpital Abercorn... Et l'enfant avait de plus en plus de peine à retrouver son souffle Elle monta d'un trait les marches de l'hôpital, sonna et sonna et sonna à l'entrée, puis s'engouffra dans le hall lorsque la porte s'ouvrit..." S. O'Casey

Le_petit_monde_de_Don_Camillo_filmS'il est à mes yeux des autobiographies que l'on eût aimé avoir écrit soi-même, celle-ci en est une. Peut-être est-ce toujours ainsi, me direz-vous, lorsqu'on lit un texte dans lequel on se reconnait aisément. Toujours est-il que cette enfance irlandaise ressemble par bien des côtés à celle qui fut la mienne au début des années 50. Sans aller, certes, jusqu'à attribuer ni les allocation familiales ni octroyer les places dans les collèges et autres lycées, en fonction de l'assiduité des parents aux offices religieux, comme en Irlande au début du 20e, l'église catholique avait néanmoins conservé une grande influence, ainsi qu'une place prépondérante dans tout ce qui touchait à notre orientation, dans cette après-Seconde Guerre Mondiale.
Ne serait-ce que par le tissu relationnel, social et autres sinécures que son appartenance offrait à quelques-uns de ses adeptes ! C'est ainsi, j'en suis certain, que beaucoup de vocations religieuses, n'auraient pas vu le jour, si aucun oncle et tante n'étaient préalablement entré dans les ordres ! C'est, entre autres choses, de cela dont il s'agit aujourd'hui (voir : lire encore). À cette époque les familles dites "de curés" ou "de religieuses" fournissaient encore et toujours un fort contingent de sacrifiés, dirons-nous, lesquels grossissaient les rangs des "élus". Un phénomène qui s'est, semble-t-il, tari aujourd'hui. Cela dit, sans que nous ne sachions encore si ce qui s'y est substitué est plus riche d'enseignements ou non.
On pourrait, certes, en dire autant pour tout ce qui touche aux milieux militant et bénévole, de même qu'à tout autre recrutement de ce type. En effet, on ne rejoint pas telle ou telle organisation qu'en fonction seulement d'un hypothétique accord personnel sur son programme, ou autres idéaux qu'elle véhicule et transmet, mais davantage parce qu'un membre de celle-ci, de confiance au surplus, nous y incite même implicitement seulement. Sans parler de l'entourage et encore moins des raisons psychologiques inconscientes (lesquelles sont mieux connues aujourd'hui) qui font que l'on se choisisse telle ou telle voie, plutôt qu'une autre. la_tante_s_ur_dite_d_Angleterre
Pour l'anecdote, notre famille "au grand complet" fut conviée, par un beau dimanche d'été de l'année 1953 (ou 54) à une rencontre avec "la tante sœur dite d'Angleterre" (la deuxième en partant de la droite, rang du bas, sur la photo ci-contre), qui pour le besoin de la cause revenait chez les petites sœurs des pauvres, sa congrégation d'origine à Besançon. Imaginez le branle-bas de combat que cela représenta pour ma mère que d'avoir à "préparer" ses dix enfants pour l'occasion. Un sacré challenge, quand on sait que nous n'avions même pas une tenue complète par enfant !
Or pour différente que soit la période actuelle, sur ce plan, pour nos enfants et les leurs, il n'est pas interdit de penser que les choses puissent revenir un jour prochain à ce stade. Sans que personne, ou presque, ne s'y soit préparé. Et c'est, en revanche, ce qu'il serait avisé d'envisager, au train où vont les bourses. Dégringolades vis-à-vis desquels les gouvernants sont sans remèdes, à moins que ceux-ci ne soient encore pire que le mal ! À bas la spéculation !
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