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Au rive gauche
27 août 2011

Je t'aime, moi non plus !

LesFiances_livre"I Promesi Sposi : Le roman des rapports de force
Renzo et Lucia ne savent ni lire ni écrire : ce fait a, dans Les Fiancés, une portée décisive et on ne me semble pas lui avoir accordé l'importance qu'il mérite... Dans l'univers de Renzo et de Lucia la parole écrite se présente sous un double visage : instrument de pouvoir et instrument d'information. Comme instrument de pouvoir elle est systématiquement contraire aux deux pauvres fiancés : c'est la parole écrite que contrôle le docteur Azzecca-Garbugli, c'est le "papier, plume et encrier" avec lesquels l'aubergiste de la Pleine-Lune essaie d'enregistrer l'identité de ses clients, ou, pire encore, le papier-plume-encrier invisibles avec lesquels Ambrogio Fusella réussit à prendre Renzo au piège...
Le paysan qui ne sait pas écrire, et qui a besoin de le faire, s'adresse à quelqu'un qui connaît cet art, en le choisissant dans la mesure du possible parmi les gens de sa condition, parce qu'avec les autres, il n'ose pas ou il n'a pas confiance... Le lettré comprend en partie comme il faut et en partie de travers, donne quelques conseils, propose quelques changements, dit : laissez-moi faire ; puis il prend la plume, et met comme il peut sous une forme littéraire les pensées de l'autre, les corrige, les améliore, force la note ou atténue, laisse certaines choses de côté, selon ce qu'il croit être le plus convenable... Finalement, il faut que celui qui ne sait pas s'en remette à celui qui sait et le charge de la réponse : laquelle, faite de la même façon que la lettre reçue, est à son tour l'objet d'une interprétation semblable... En réalité, il est difficile d'établir des règles internes aux Fiancés : Manzoni modifie continuellement la mise au point de son instrument d'observation... Ce n'est pas pour rien que Les Fiancés sont notre livre politique le plus lu...  Manzoni, qui appartient à un monde marqué par le traumatisme de la Révolution française qui, sentant peser sur lui la chape de plomb de la Restauration, doit, pour donner une solution a son roman, la chercher sur un autre plan..." ITALO CALVINO

Eyes_wide_shut_filmEn 1967, année de naissance de ma première fille, je ne soupçonnais pas encore les surprises que me réserverait la voie militante que je venais de prendre. Ni ne comprenais tout à fait les raisons qui firent que sa mère et moi paraissions surfer sur la même vague. Tandis qu'il n'en était rien ou presque. Chacun de nous deux ayant ses raisons propres, au-delà des ressemblances et autres similitudes de pensées, d'entreprendre quelques actions en vue d'une catharsis personnelle seulement. Attitude qui pouvait se résumer en une seule expression, à savoir : une révolte adolescente exacerbée ! C'est, hélas, ce que je comprendrai longtemps après notre divorce. Non sans avoir persisté sur cette lancée, durant quelques années encore. Avec, pour conséquence indirecte et presque immédiate : un second divorce !
Formé sur le tas, ainsi qu'on le dit en général, j'étais certainement un des moins préparés de ma génération, pour devoir affronter le féminisme montant, la crise du pétrole dès 1975, l'arrivée de la gauche au pouvoir en 81 etc. Pas davantage dans leurs conséquences concrètes immédiates, qu'en ce qui concerne les ressorts psychologiques inconscients sur lesquels reposent cette "guerre des sexes" ajoutée à la lutte de classes, à l'arrivisme militant et j'en passe. Si on ajoute à cela la modification des rapports sociaux que tout cela provoquera, les bouleversements en chaine que l'interversion des rôles au sein de la famille (avec pour affaissement l'imago paternelle) entrainera du point de vue de notre descendance, on comprendra aisément que je dus me mettre au travail. Malgré toutes les inimitiés que cela me valut.
Ce n'était cependant pas faute d'y faire la meilleure place, de tenter de m'adapter à ce qui au fond n'étaient que des modes. Effet "mouton de panurge oblige !": Rien n'y fit, je pris plusieurs fois la porte dans le nez.
Sorti "borné" de ma campagne, je fus lent à comprendre qu'une femme ne prend pas de compagnon en lieu et place de son père, mais en substitution de sa propre mère ! Le sexe en plus ! Et c'est là que le bas blesse pour elle. Sans doute est-ce pour cela que le roman, cité en exergue, me parla autant, dès la première lecture. Contrairement au film ci-contre, dois-je avouer. Il est vrai que tous les hommes n'ont pas le physique de Tom Cruise.
Bref, le roman de Manzoni est un des rares que je me plus à lire et relire plusieurs fois. Redécouvrant sans cesse de nouvelles facettes du talent de Manzoni, de son style, au-delà de l'histoire. Laquelle, du point de vue du suspense peut être comparée à une de nos meilleures chroniques policières ! En outre, l'intérêt du livre ne se dément pas d'un bout à l'autre. On peut toutefois être gêné par le catholicisme de l'auteur qui ne se dédit pas. Contemporain de la Révolution française, l'auteur pouvait difficilement s'en affranchir.  >> Lire encore

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