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Au rive gauche
25 août 2011

L'amour est enfant de bohème ! (Carmen)

"Préface : Benjamin des six enfants d'une "bonne famille" de négociants juifs anciennement installée à Berlin et alors aisée, Georg Hermann (de sonHenriette_Jacoby_livre vrai nom Georg Borchardt) naît en 1871 dans le "Vieil Ouest" de la ville.
De ses premières années on retiendra la faillite honteuse de son père. La mère déclare à ses fils : "À présent, vous êtes les porteurs du nom, remettez-le en honneur." Georg Borchardt obéira à sa façon à cette injonction en choisissant comme nom de plume le prénom du père...
Faut-il voir là l'origine de sa prédilection pour les personnages de perdants, de sa solidarité avec les faibles, les opprimés et les humiliés, de la constance avec laquelle il se rend insupportable, dès l'école, aux esprits conventionnels ?
Dans une brève esquisse biographique, il se définissait ainsi : Total : quarante-trois ans. Dilettante en toutes choses. Évolution : aucune. Jusqu'à vingt-huit ans : du point de vue bourgeois, un homme perdu. Jusqu'à trente-cinq ans : soucis et combats mesquins. Jusqu'à quarante-trois ans : extérieurement bourgeois, apparemment réconcilié avec la vie, spirituellement, intellectuellement et physiquement épaissi de graisse... On est en 1915. Le "dilettante" a su lutter avec conscience et sérieux pour être reconnu comme écrivain tout en vivant difficilement de diverses tâches alimentaires — négociant, puis fonctionnaire ; journaliste, polygraphe, puis critique d'art. Ses premiers livres n'ont guère attiré l'attention, et c'est neuf ans seulement après ses premières publications que Jettchen Gebert a radicalement modifié sa situation. Le "cheval las du pavé" vient de quitter pour la petite ville tranquille de Neckargemünd, près de Heidelberg, le tumulte du milieu littéraire berlinois dont il exècre le chauvinisme... En 1918-1919, ses sympathies vont aux conseils révolutionnaires et il critique durement la social-démocratie majoritaire... Loin du puritanisme et de l'ascèse, il défend et pratique un hédonisme éclairé, dans la tradition de Heine et du Droit à la paresse de Paul Lafargue... En 1933, spécialement haï des nazis, il est parmi les premiers à émigrer, début mars. Ses livres sont brûlés. L'exil en Hollande est d'autant plus dur que sa santé se dégrade. Arrêté aussitôt après l'invasion de la Hollande par les nazis, il est interné au camp de Westerbork et déporté à Auschwitz par le convoi du 16 novembre 1943. Selon certaines sources, il serait mort le 23... Prussien, berlinois, juif... Est-ce comme Prussien ou comme Juif qu'il est le plus socialiste, comme libéral ou comme conservateur qu'il est le plus berlinois... ? Cette conjonction particulière contribue à rendre l'auteur solidaire de ses personnages et de leur univers en trouvant la juste distance du regard et le ton tendrement ironique qui font une grande part du charme de Jettchen Gebert et Henriette Jacoby." Serge Niémetz


Le_mariage_de_Maria_Braun_filmAssis non loin de moi le monsieur (François) qui esquissa un sourire (mi-approbateur, mi-critique) en m'entendant bavarder au sujet de la particularité propre à chaque sexe avec une habituée du lieu, hier matin à la terrasse du Rive gauche, ne croyait pas si bien faire. En effet, quelques minutes après nous devisions "gaiement" lui et moi à propos de l'intérêt ou non de se retourner sur son passé voire se tourner vers l'avenir et de bien d'autres choses encore. Se montrant au départ et a priori réticent quant à se poser trop de questions sur la vie, ses buts, sur le pourquoi du comment etc.  Partisan au demeurant du vivre au présent disait-il, François réussit néanmoins l'exploit de se mettre en contradiction avec lui-même, au bout d'un quart d'heure à peine de monologue, sans que j'aie eu à le pousser bien fort ! Trop heureux que j'embraye avec lui, sans le lui faire remarquer ! Il prit la parole pour ne plus me la rendre.
En réalité, ils sont légion ces retraités qui meublent davantage qu'ils ne "profitent" de leur retraite, tout en clamant haut et fort le contraire ! Ce, sans véritable conviction. De plus en plus menacée, la retraite est cependant bien souvent vécue comme un retour à l'enfance. Comme un droit à ne plus se soucier de rien, à défaut de ne rien faire de socialement utile ! Alors que c'est un moment de disponibilité et de liberté rêvées, dans l'existence d'un individu. À condition bien entendu d'en avoir les moyens ! En réalité, on vieillit comme on a vécu, on occupe sa retraite avec la même détermination et conscience, ou non, qu'on a mené sa vie active. Combien de fois n'ai-je pas entendu : "dès que je suis en retraite, je lis !" Sans que cela ne soit suivi d'effet, est-il besoin de le dire.
Chez mes parents, sauf exception, lire équivalait à perdre son temps ou avoir du temps à perdre, ce qui revient au même. Alors que la résistance à la lecture se situe ailleurs, on le vérifie chaque jour. "N'as-tu pas encore assez lu ?" est un leitmotiv qui revient souvent dans la bouche de mes interlocuteurs. Lesquels ne savent pas ce qu'ils perdent, en vertu du principe qui veut qu'on ne remarque que ce qu'on connait ! Heureusement, tous les espoirs sont toujours permis à tout le monde !
À trente ans, je n'avais lu que quelques livres, en tout et pour tout, et surtout aucun roman. Installé définitivement en ville, je m'attachai à combler ce manque. D'aucuns diraient que la lecture n'est qu'une question de motivation et, ou, de curiosité. Sans être capables de nous dire sur quoi celles-ci reposent. Or, la lecture est l'instrument de prédilection de tout militant qui se respecte.
C'est une sorte de regard critique et permanent sur soi, sur les autres. Autrement écrit, la lecture est l'hygiène de l'esprit par excellence. C'est un des moyens privilégiés, plutôt rares, de parvenir à savoir ce que l'on pense, à se savoir par cœur. Encore que les références y soient pour beaucoup. Bref, s'entendre parler ne suffit pas. Faire ne nous dispense pas de savoir pourquoi on le fait.
N'est-il pas triste d'entendre des rebelles libyens s'exclamer : "dieu est grand" alors qu'ils viennent de prendre des risques mortels, afin de faire tomber un des pires dictateurs, à la solde des occidentaux il n'y a pas si longtemps encore. C'est à se taper le cul par terre ! >> Lire encore

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