Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Au rive gauche
4 août 2011

Y a rien à voir, circulez ! (Coluche)

"Le 22 mars 1832, donc, aux confins du Maroc, une fédération de tribus a élu à sa tête un jeune chef féodal et religieux : Abd el-Kader avait vingt-honneur_de_saint_arnaud_livquatre ans. Son père était un cheikh d'une extrême piété. D'une très grande culture religieuse lui-même, tout en étant un cavalier exceptionnel, le jeune homme a fait le pèlerinage de La Mecque : de ce voyage de deux ans, au cours duquel il a longuement séjourné en Égypte, il est revenu hadj, mais également plein d'admiration pour l'œuvre de modernisation entreprise par Mehmet Ali...
En 1834, le général Desmichels qui commandait à Oran considéra qu'il était de sage politique, après des razzias inopérantes, de neutraliser l'émir en signant un traité qui faisait de celui-ci une sorte de chef d'État, lui reconnaissant, entre autres, la possibilité d'avoir des consuls à Alger et de battre monnaie : ce traité avait l'avantage de laisser Oran en paix, tout en ouvrant à la colonisation la plaine de la Mitidja ainsi délivrée des menaces d'Abd el-Kader et de ses cavaliers hadjoutes - tribu particulièrement redoutée. Alger et Paris ne voulurent voir dans ce traité, dont d'ailleurs la rédaction arabe et la rédaction française divergeaient singulièrement, qu'une simple suspension d'armes. En fut-il de même pour l'émir? En 1835, sa mainmise sur Médéa déclencha la reprise des hostilités. Le 28 juin, une colonne de deux mille hommes du général Trézel était mise en déroute dans les marais de la Macta. Cette défaite fut un choc terrible. La colonie se trouvait partout sur la défensive. Les cavaliers d'Abd el-Kader patrouillaient jusque sous les murs d'Alger...
Vainqueur sans avoir eu à combattre, Clauzel en conclut qu'Abd el-Kader était parti se réfugier définitivement au fond du Sahara. Il ne songea plus dès lors qu'à sa grande idée : la prise de Constantine...
L'idée était simple : il fallait remplacer Ahmed par un bey qui fasse intelligemment la politique de la France." François Maspero

RAucun petit écolier français, fils de paysan de surcroît, n'aura pas manquer de faire vibrer sa corde patriotique, lorsque son instituteur lui signifiait orgueilleusement que l'Empire colonial français s'étendait du Nord au Sud de Dunkerque à Tamanrasset ! Tout en spécifiant toujours que le soleil se levait à l'Est sur l'Indochine, pour se coucher à l'Ouest sur les Antilles. Ce, en opposition avec celui de l'Angleterre, lequel demeurait de toutes façons la référence en ce domaine ! Mais à quel prix pour les populations autochtones ! dirais-je aujourd'hui. Voilà une guerre de razzia, celle de la conquête de l'Algérie au cours du 19ème , dont on nous parle très peu, encore moins que celle que la France imposa aux Algériens pour prix de leur indépendance nationale de 1954 à 1962.
Ce qu'on sait moins encore c'est que les officiers (Bugeaud et De Saint-Arnaud) qui se firent la main, des galons, ainsi que de bons revenus de l'autre côté de la Méditerranée, furent appelés à Paris en juin 1848 en pleine révolution, par une bourgeoisie française apeurée et haineuse, pour mater et massacrer le prolétariat.
Plus modestement ma guerre d'Algérie à moi, c'est celle qui débuta en 1954 et vis-à-vis de laquelle la seule question qui me vint à l'esprit fut : est-ce que je vais devoir y aller ? Autant dire que je ne me sentais pas une âme de va-t-en guerre. Deux de mes frères aînés y avaient déjà effectué leur service militaire, c'est dire.
Mon opposition à cette guerre perdue d'avance, plus politique celle-là, viendra longtemps après qu'elle eut cessé, dirai-je. Elle sera le fruit de ma rencontre, au sein de l'usine Rhodiacéta, avec des militants chrétiens et de gauche, qui s'illustrèrent en collaborant pour certains avec le FLN. Ceux qu'on appela un peu péjorativement : les porteurs de valises.
Tout au long des années 60 la guerre d'Algérie, qu'un groupe minoritaire de politiciens français imposait en dehors de tout intérêt général, politisera la vie politique française, davantage encore que Mai 68. De façon moins spectaculaire, certainement.
Néanmoins, la génération de gauche qui accédera au pouvoir en Mai 81 avec Mitterrand, peut être considérée comme étant l'héritière de ces deux évènements, plus complémentaires l'un de l'autre que contradictoires.
Il fallut rien moins que le coup d'état de De Gaulle en 1958 et un changement de constitution pour parvenir à sortir l'État bourgeois français de ce bourbier. La grande bourgeoisie française le voulait cet argent que l'État français dépensait en vain. Pour réaliser ce holdup, avec l'assentiment démocratique de tout le monde, elle eut besoin d'un homme providentiel ! Lequel attendait son heure. >> Lire encore


Commentaires
Au rive gauche
Visiteurs
Depuis la création 73 443
Derniers commentaires