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Au rive gauche
27 mai 2011

La der des der !

Extrait de "mon journal en SuisseLa_guerre_et_la_r_volution_livre"
7 Août (nouveau style) 1914
"Quand vous criez, par la fenêtre, que l'ordre de mobilisation vient d'être signé, la foule vous répond par des "hourra" ; elle se répand dans les rues, chante des chants patriotiques et produit cette impression qu'elle n'a fait qu'attendre la déclaration de la guerre et que ce rêve vient de se réaliser ! Ces scènes se reproduisent partout… Vous en arrivez à conclure à cette monstruosité que le peuple "se réjouit" de faire la guerre, indépendamment des buts et des questions posées par celle-ci. Telle est la réalité…
La guerre s'empare de tous et, par conséquent, les opprimés, les écrasés, ceux que la vie a trompés se sentent sur un pied d'égalité avec les riches et les puissants. La tension de l'espoir vers le changement et l'entente provisoire de toutes les classes donnent naissance à cette surexcitation — joyeuse —, qui justifie la phrase de tous les journalistes de tous les pays : "L'Ordre de mobilisation a été accueilli avec enthousiasme…" La première vague de désenivrement viendra bientôt ! La guerre n'apporte pas une entente durable entre les classes...
La guerre a souvent provoqué la révolution : non du fait qu'elle ne fut pas profitable, mais parce qu'elle n'a pas acquitté les traites tirées sur l'espérance. La guerre ébranle les masses de fond en comble, les arrache au quotidien, les oblige à penser collectivement, fait naître en elles de vagues, mais profonds espoirs, puis finit par les tromper… L'Ordre de mobilisation provoque, comme nous l'avons dit plus haut, une explosion d'espérance. Celle-ci n'a pas encore le temps de s'éteindre dans la confusion de la mobilisation que déjà arrive la déclaration de guerre. Une nouvelle vague, très haute ! Déjà les suites de la mobilisation se manifestent plus durement. Les difficultés apparaissent…" Fin de citation

sentiers_de_la_gloire_filmLa guerre impérialiste ou non n’a pas été le dernier sujet de nos conversations à Abel  et moi. Sans avoir été plus conservateur que la moyenne de ceux de sa génération, mon frère aîné n’entrevit jamais rien de ce qu’une mobilisation générale pouvait à terme engendrer de possibilités révolutionnaires. Il faut être révolté pour cela !
Centriste de gauche, serait du point de vue politique la caractérisation la plus juste de celui qui fut pendant longtemps mon guide ainsi que ma référence.
Désespérant de le voir aller plus loin, je compris un jour qu’il me faudrait quitter son giron. De la coupe aux lèvres, il y eut cependant une distance que je mis un certain temps à franchir. Mai 68, dont nous terminons l’évocation, me fournira l’énergie ainsi que les structures sociales et militantes, sans lesquelles il m’aurait encore été plus difficile d’y parvenir de mes propres forces.
Les cadres syndicaux et politiques, auxquels j’accrochai mes pas, se révèleront être de bons substituts parentaux. Passant des uns aux autres, je surfai sur la vague gauchiste à défaut d’être révolutionnaire ; sans toutefois me laisser submerger par elle non plus.
Peut-être s’en est-il fallu de peu ! Ce d’autant plus qu’un gouffre appelé "La gauche", me tendait les bras. Beaucoup s’y jetèrent tête baissée, à l’instar de ce qui peut encore se passer dans tous les pays secoués, pour le moment, par de profonds mouvements sociaux. La force de récupération de la bourgeoisie est immense. Elle peut quasiment tout acheter, même les meilleures consciences.
Abel, mon frère, regarda passer le train de l’histoire, sans se sentir obligé ni de le prendre, ni de tenter de le diriger. Pessimiste, quant aux possibilités que le capitalisme nous offre encore, mon frère se limitera à jouer les opportunistes de service. Il avait la culture du "travail" des opprimés, dirons-nous. Celle, justement, que nous transmirent des générations d’exploités. Une acceptation de notre propre sort, en somme, que Christophe combat vainement malgré lui, pour ne pas dire inconsciemment. Flambeau déjà repris par ses deux fils et petits-fils d’Abel. Mais, avec quelles chances d’y parvenir eux aussi ? That is the question ! >> Lire encore


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