Qui n'avance pas, recule !

"A la mémoire de Pierre Beylot et Henri Blanchet, tombés pour le libre exercice du droit de grève." (Libération)
Nous ne saurions terminer l’évocation de Mai 68 sans rendre un dernier hommage aux deux ouvriers, ci-dessus, morts dans les affrontements avec les CRS le 11 juin à Sochaux. Tant leur disparition est significative de l’immense déception qui était celle des ouvriers, devant tant d’énergie gâchée par les syndicats. Et puis, on ne fait pas reprendre le travail à des milliers d’ouvriers, sans exercer une immense pression sur eux. La hiérarchie en sait quelque chose, elle qui, après chaque reprise du travail, prend quelque pincettes, ne serait-ce que pour ne pas réveiller "le lion qui dort…"
Toutefois le bilan militant de ces évènements serait très difficile à déterminer. Une nouvelle génération de militants, et non des moindres, verra le jour. Tous courants politiques confondus. Par trop anarchisante au départ, elle finira par trouver quelques voies en conformité avec la signification de ce qui venait de se passer.
De son côté, la gauche capitalisera tout cela en 1981, électoralement parlant. Aujourd’hui tout est à refaire, certes.

Et puis, à tout seigneur tout honneur enfin, je citerai quelques extraits d’une lettre écrite à ma fille aînée pour ses 31 ans, à l’occasion du 30e anniversaire de Mai 68 :
Chère Emmanuelle,
Pour en revenir à ce que Mai 68 changera dans ma vie, je dois te dire que c’est au cours de cette période que j’ai découvert la force des idées... Rien ne nous apparaissait plus important que de comprendre la période que nous vivions. Cela nous semblait primer sur l’apport professionnel, familial ou autre…
J’avais puisé, emmagasiné tant de convictions que rien ne me paraissait insurmontable. Sans Mai 68, les événements qui ont surgi par la suite dans ma vie, m’auraient probablement submergé…
"De l’audace, encore de l’audace…" voilà une autre formule, de cette période. Je pourrais t’en citer encore d’autres tout aussi valables…
De ton côté, Mai 68 et les années qui ont suivi t’ont amené à connaître un milieu que ni Arthur et encore moins Antoine (tes deux fils) ne connaîtront peut-être jamais. Et, c’est probablement un handicap pour eux…
Je te laisse et espère t’avoir fait toucher du doigt une réalité à laquelle tu dois beaucoup. Étienne.   >> Lire encore