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Au rive gauche
18 mai 2011

Sois jeune et tais-toi !

Juin 68 - Juin 2010 : souvenons-nous de Gilles Tautin Gille_Tautin
Comme certains le savent peut-être, d'autres absolument pas, Mai 1968 est allé bien au delà du mois de mai. Au contraire, ce n'était qu'un commencement...
Après que le pouvoir gaulliste ait repris la main, abandonnant les projets de coup de force militaro-barbouzard, par la mobilisation réactionnaire de masse (manifestation "patriotique" du 30 mai, décrite dans la mythologie bourgeoise comme "la fin de Mai 68")... et la trahison réformiste, c'est justement le moment où le mouvement se durcit, et où ceux qui refusent la trahison de Grenelle et la mascarade des élections essayent de poursuivre le combat jusqu'au bout.
C'est là qu'il y aura des morts. Dès le 25 mai, Philippe Mathérion (26 ans) est tué par un éclat de grenade offensive (utilisées par les forces de répression pour dégager les barricades).
Et le 10 juin Renault-Flins, autre bastion ouvrier qui poursuit la lutte avec détermination, les étudiants et lycéens de l'UJC-ml, qui formeront bientôt la Gauche Prolétarienne du "Mai rampant" (jusqu'en 1973) envoient une délégation à la rencontre des ouvriers. Celle-ci est assailli par les CRS et un lycéen de 17 ans, Gilles Tautin, tombe dans la Seine et meurt noyé.
Il est resté le plus célèbre des morts de Mai-Juin 68. Mais lui rendre hommage, c'est rendre hommage à tous les autres à travers lui.

les_amants_reguliers_filmDans la tête d’un ex-soixante-huitard comme moi : Sud-aviation, Saint-Nazaire, Renault-Flin, Rhodiacéta, Peugeot Sochaux, Citroën etc., ont désormais une résonnance toute particulière. Ce, d’autant plus que j’étais encore un jeune ouvrier à l’époque !
Début Mai l’horizon semblait se dégager, des voies politiques nouvelles paraissaient s’ouvrir. Nous tenions enfin notre revanche. Puis au fur et à mesure de l’avancée du temps, l’on s’aperçut très vite qu’il n’en irait pas ainsi, cette fois encore.
Le mouvement étudiant ne se portait guère mieux lui non plus. Nous dûmes désormais et d’emblée nous tourner vers l’après-Mai 68.
C’est alors que se posa la question de l’organisation politique à rejoindre afin, comme nous nous le disions, de continuer le combat, convaincus que nous étions, de la trahison du PCF, une fois de plus.
Issue du mouvement, la Gauche Prolétarienne me parut rapidement être de nature étrangère à la classe ouvrière. Je me tournai conséquemment en direction du PSU (ainsi que je l’ai déjà écrit), le seul parti sorti véritablement gagnant de ce mouvement social, à gauche de la gauche !
Aujourd’hui, avec Philippe Mathérion et Gilles Tautin, nous commençons la commémoration des morts, car il y en eut. Très peu, si on considère ce qui se passe aujourd’hui dans les pays arabes, certes.
Augmentant notre colère, ces tués sonnaient néanmoins comme le glas du mouvement.
"Une longue marche" commençait alors, avec la seule certitude que la bourgeoisie ne l’emporterait pas "au paradis des exploiteurs" ! Si toutefois il existe. >> Lire encore


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