À bas l’état policier !

La résolution du 1er mai
Les délégués au congrès "marxiste" tinrent leur dernière séance - qui se prolongea jusqu'à 8 heures et demie - 9 heures du soir - le samedi 20 juillet, par un après-midi étouffant, dans une atmosphère irrespirable, sous la verrière de la salle d'opérette recevant d'aplomb les rayons d'un impitoyable soleil. Ne notait-on pas 23° à une heure (13 heures de maintenant) dans des établissements moins exposés à la chaleur solaire ? La lassitude, l'accablement et aussi l'énervement des délégués étaient grands, d'autant plus qu'à un certain moment, les anarchistes, qui avaient envahi la salle et provoqué du tumulte, avaient dû être expulsés.
C'est au cours de cette séance que fut votée à l'unanimité, "au milieu du brouhaha", une décision "appelée - comme l'a écrit Émile Vandervelde - à connaître la plus prodigieuse fortune". Elle faisait éclater aux yeux de tous l'uniformité des conclusions pratiques sur les terrains du programme et de la tactique, puisqu'il était décrété qu'une manifestation mettrait sur pied le même jour l'élite ouvrière des deux mondes. Voici le texte de cette résolution capitale :
"Il sera organisé une grande manifestation internationale à date fixe, de manière que, dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail, et d'appliquer les autres résolutions du Congrès international de Paris. Attendu qu'une semblable manifestation a déjà été décidée pour le 1" Mai 1890 par l'American Fédération of Labor, dans son congrès de décembre 1888 tenu à Saint-Louis, cette date est adoptée pour la manifestation internationale. Les travailleurs des diverses nations auront à accomplir cette manifestation dans les conditions qui leur sont imposées par la situation spéciale de leur pays.
Sous le titre de La journée de 8 heures, il sera publié, avec le concours des partis socialistes représentés au Congrès international de Paris, un organe hebdomadaire destiné à centraliser les renseignements sur le mouvement international en vue de la réduction légale de la journée du travail. Recommandation est faite à tous les délégués de faire une démonstration dans tous les centres ouvriers d'Europe et d'Amérique en faveur de la fixation de la journée à huit heures de travail.
On lançait de la, salle des dates révolutionnaires : 18 mars, 14 juillet, qui soulevèrent des protestations, car on les trouvait un peu bourgeoises.
À ce moment, un Américain rappela qu'une manifestation des travailleurs était décidée en Amérique pour le Ier mai suivant. Ce projet séduisit un autre étranger, un jeune délégué à la boutonnière fleurie de violettes, qui se fit le champion d'une idée qui assurait, selon lui, le concours de la poésie et du renouveau aux revendications de ses mandants." À suivre demain

À la demande unanime, nous allons poursuivre notre évocation du 1er mai en générale et du mois de Mai 68 en particulier.
Or, si on observe bien les débats de l’internationale ouvrière socialiste, il apparait clairement qu’il ne fut pas aussi simple qu’on pourrait le penser de se mettre d’accord sur une date de manifestation internationale ! Sans même parler de la grève générale, à laquelle les anarchistes tenaient spécialement !
"La journée de 8h" pour tout le monde, tel était l’objectif initial. Une revendication des plus justifiées, si on considère que plus la journée de travail s’allonge et plus le temps au cours duquel l’ouvrier travaille gratuitement pour son patron est important. Ce qui est la source même de l’enrichissement capitaliste ! L’ouvrier n’étant pas payé en fonction de la valeur marchande qu’il produit, mais en rapport avec son coût de revient ou d’entretien. Au même titre que les machines, les matières premières etc. "Travailler plus, pour que le patron gagne plus" Tel était, au fond, le slogan de N. Sarkozy !
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