Allo, t’es où ?

"En 1766, le célèbre juriste et économiste milanais, Cesare Beccaria, est invité, à la suite du succès remporté par son traité Des délits et des peines, à Paris et à Londres par les philosophes des Lumières. Alessandro Verri l'accompagne. Tout au long de ce voyage, il correspond avec son frère Pietro, resté à Milan. Cesare Beccaria et Alessandro Verri fréquentent les plus grands : Diderot, d'Alembert, d'Holbach, Morellet, Julie de Lespinasse, etc. La correspondance offre ainsi une rencontre vivante avec les esprits du siècle des Lumières..." Voyage à Paris et à Londres Verri P et Alessandro V.

Le rédacteur du Journal satirique bisontin m’a demandé, un jour, un article au sujet d’une soi-disant révolution dans la communication, après l’apparition d’Internet, du téléphone portable et du GPS !
Le film et le livre cités en exergue démontrent, pour le premier, l’impossibilité de communiquer et, pour le second, les difficultés de le faire. Incapacités qui ne datent pas d’aujourd’hui et ne sont pas prêtes de disparaitre, comme par magie.
Outre les aspects ou difficultés techniques, communiquer avec les autres reposent sur des ressorts et des dynamiques qui se conjuguent rarement dans l’histoire.
Il est indéniable, au surplus, que les individus ainsi que les conditions déterminées dans lesquelles ils entrent en rapport soient davantage le produit de la période historique dans lesquels ils apparaissent, que de tout autre chose.  Le changement d’un seul de ces deux facteurs ne saurait révolutionner profondément les choses.
C’est ainsi que lorsque Verri Alessandro écrit à Pietro, son frère demeuré à Milan, celui-ci a déjà répondu à sa précédente lettre. Toutes deux se croisent, sans que ni l’un ni l’autre n’en connaissent le contenu. Ils s’écrivent en aveugle, mais se comprennent néanmoins. Mo-zart, demeuré seul à Paris, à la suite du décès de sa mère, et son père à Salzbourg en font de même. Tous font partie de la bourgeoisie montante et se comprennent sans se voir, etc.
À moins que pour communiquer réellement, il faille avant tout et surtout avoir des choses à se dire, n’est-ce pas ?

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